Les programmes et instructions officielles prescrivent un enseignement spĂ©cifique du calcul mental Ă lâĂ©cole Ă©lĂ©mentaire. InspirĂ©e par le rapport Villani-Torossian de 2018, la note de service du 25 avril 2018 relative Ă la prioritĂ© au calcul en pose le cadre : « Que ce soit sous forme d’activitĂ© dĂ©crochĂ©e de la sĂ©ance de mathĂ©matiques ou bien intĂ©grĂ©e Ă celle-ci, oralement, sur l’ardoise, sur feuille ou sur le cahier de brouillon, avec un support oral (le maĂźtre dicte) ou Ă©crit (tableau noir, TBI, tablettes, ordinateurs, fiches, etc.), le calcul mental doit faire l’objet d’une pratique quotidienne moyenne d’au moins 15 minutes. On privilĂ©giera l’alternance de sĂ©ries de sĂ©ances d’entraĂźnement courtes (10 Ă 15 minutes) avec des sĂ©ances longues (30 Ă 45 minutes) visant des apprentissages procĂ©duraux spĂ©cifiques. »
Mais quâentend-on exactement par calcul mental ? Comment mettre en place un enseignement efficace ?
- Le calcul mental : des faits arithmétiques et des calculs stratégiques (définitions) [1]
Le calcul mental se dĂ©finit comme le calcul qui sâeffectue dans la tĂȘte. Ce calcul numĂ©rique ne passe pas par des intermĂ©diaires Ă©crits mais peut faire appel Ă des supports visuels (bande numĂ©rique, tableau de nombres, …).
Il peut ĂȘtre oral (lâĂ©lĂšve dit le rĂ©sultat) ou Ă©crit (lâĂ©lĂšve Ă©crit alors le rĂ©sultat et seulement le rĂ©sultat). LâĂ©noncĂ© peut ĂȘtre oral ou Ă©crit (permanent ou temporaire). Il nâest pas exclu dâutiliser lâĂ©crit pour la correction et garder une trace.
Sâil se distingue du calcul en ligne, du calcul posĂ© et du calcul instrumentĂ©, il est nĂ©anmoins prĂ©sent dans tous ces moyens de calculer.
Le calcul mental se divise en deux grandes catégories :
Cette catĂ©gorisation sâexplique notamment par lâactivitĂ© de notre cerveau pendant lâactivitĂ© de calcul mental. En effet, pour acquĂ©rir des automatismes, le cerveau active deux types de mĂ©moire dissociĂ©s reposant sur des rĂ©gions cĂ©rĂ©brales diffĂ©rentes :
Les automatismes en mémoire déclarative ou procédurale sont complémentaires et ont plusieurs points communs :
- Ils nécessitent la pratique répétée ;
- Ils se construisent avec lâapprentissage des faits arithmĂ©tiques, mais aussi avec la pratique du calcul mental stratĂ©gique ;
- Leur construction ne sâoppose pas Ă lâapprentissage du sens.
A ce titre, une Ă©tude comparative a prouvĂ© que la mĂ©thode la plus efficace pour lâacquisition dâautomatismes est le couplage de lâapprentissage par comptage ( en sâappuyant sur une ligne numĂ©rique ou les doigts) Ă lâapprentissage par cĆur.[2]
Pour plus de dĂ©tails sur lâenseignement des faits numĂ©riques, nous vous renvoyons Ă notre article de mai 2020.
2. Comment mettre en place un enseignement efficace du calcul mental ?
Tout dâabord, les objectifs de lâenseignement du calcul mental sont lâacquisition dâautomatismes pour libĂ©rer de la mĂ©moire de travail pour des tĂąches plus complexes et viser des stratĂ©gies efficientes et efficaces.
– On peut dĂ©finir une stratĂ©gie efficace par le fait que la stratĂ©gie utilisĂ©e nous amĂšne au bon rĂ©sultat. Or, le calcul mental sâinscrit dans une logique temporelle : du fait de la forte charge de mĂ©moire, il faut ĂȘtre rapide pour rĂ©aliser les calculs.
– Une procĂ©dure efficiente est une procĂ©dure qui va aboutir au rĂ©sultat en minimisant le plus possible la charge en mĂ©moire de travail, câest-Ă -dire en limitant le coĂ»t cognitif.
De plus, la recherche actuelle montre que lâapprentissage en gĂ©nĂ©ral et celui du calcul mental en particulier doit reposer sur 4 grands principes pour permettre Ă lâĂ©lĂšve dâapprendre et de mĂ©moriser efficacement :
– RĂPĂTER : pour favoriser lâautomatisation; pour favoriser la crĂ©ation de traces en mĂ©moire et la rĂ©cupĂ©ration de faits arithmĂ©tiques; pour favoriser lâautomatisation de procĂ©dures et allĂ©ger la mĂ©moire de travail.
– SE TESTER (« lâeffet test ») : se tester de maniĂšre frĂ©quente avec un retour immĂ©diat sur lâerreur; se tester pour apprendre et non pour ĂȘtre Ă©valuĂ©; tester mĂȘme les faits dĂ©jĂ appris; chronomĂ©trer pour favoriser la « fluence » de calcul.
– ĂTALER SES RĂVISIONS DANS LE TEMPS : les activitĂ©s de calcul mental doivent ĂȘtre Ă©talĂ©es sur de longues pĂ©riodes et non massĂ©es; importance de les ritualiser.
– ALTERNER LES CONTENUS Ă RĂVISER : alterner les types de problĂšmes travaillĂ©s au sein mĂȘme des sĂ©ances de calcul mental; alterner aussi avec dâautres activitĂ©s maths ou avec des activitĂ©s autres que mathĂ©matiques.
Pour enrĂŽler les Ă©lĂšves dans les activitĂ©s de calcul mental, il est enfin nĂ©cessaire dâajouter un aspect ludique, de recherche de dĂ©fis au-delĂ de la seule dĂ©livrance de faits ou procĂ©dures automatisĂ©s. La pratique rĂ©guliĂšre en classe, les Ă©changes « dâastuces » amĂšnent la crĂ©ation dâun rĂ©pertoire qui encourage lâĂ©lĂšve Ă dĂ©velopper le goĂ»t du nombre et des opĂ©rations.
Quelle jubilation pour un Ă©lĂšve de comprendre que la multiplication de 25 par un nombre Ă plusieurs chiffres multiples de 4 est dâune facilitĂ© dĂ©concertante pour peu de lâavoir appris ensemble ! (36 X25 = 9X 4X25= 900)
[1] Source : intervention de JĂ©rĂŽme Prado janvier 2022, PNF RMC
[2] Fuchs et al (2010) Learning and Individual Differences