« Les grandeurs demeurent sans doute un passage obligĂ© pour les enfants. D’abord, nous vivons au milieu d’objets qu’il nous faut, avant toute idĂ©e Ă©laborĂ©e de mesure, saisir sous l’aspect de grandeurs (…). Ensuite, puisqu’on recourt sans cesse Ă  des mesures dans la vie civilisĂ©e d’aujourd’hui, il faut bien apprendre en quoi elles consistent et ce qu’elles nous apportent (…) » (Friedelmeyer, Irem de Strasbourg, 2001)

La question des grandeurs et de la mesure est abordĂ©e Ă  l’école dès le plus jeune âge (cycle 1, cycle 2, cycle 3) et fait l’objet d’un domaine spĂ©cifique car elle est un des points de dĂ©part des mathĂ©matiques mais aussi de la physique.  Son enseignement a pour objectif de permettre aux Ă©lèves de comprendre le sens des mesures de grandeurs qu’ils rencontrent Ă  l’école ou dans leur vie quotidienne et qu’ils rencontreront dans un cadre professionnel.

Il repose sur trois Ă©tapes progressives fondamentales qui permettent de passer de la grandeur perçue Ă  la grandeur mesurĂ©e: 

  •  Donner du sens Ă  la grandeur 
  •  Donner du sens Ă  la mesure
  •  Mesurer
  1. Donner du sens Ă  la grandeur

La grandeur peut se définircomme un concept qui permet de décrire les objets ou les phénomènes.

L’appréhension de ce concept pour un objet ne peut se faire qu’en comparaison avec un autre objet.

 La construction du sens de la grandeur, indĂ©pendamment de la mesure, se fait par le biais de :

  • l’estimation visuelle ou kinesthĂ©sique
  • la comparaison directe : juxtaposition, superposition, mise en regard de deux objets ;
  • la comparaison indirecte : recours Ă  un objet intermĂ©diaire, Ă  un instrument de report ou transformation de l’un des objets pour le rendre comparable Ă  l’autre.

Selon J.L Bregeon, professeur de mathématiques à l’IUFM d’Auvergne, les scenarios d’apprentissage doivent aussi être pensés dans les différents espaces géométriques.

Ainsi, les élèves arrivent mieux à conceptualiser chaque grandeur.

L’importance de cette conceptualisation avant la mesure est soulignĂ©e par de nombreux chercheurs. Dans sa thèse, pour le cas de la grandeur masse, D. Passelaigue, professeur d’UniversitĂ© de Montpellier (2011) a montrĂ© que les activitĂ©s de comparaison sont une aide Ă  la conceptualisation : notamment les Ă©lèves ayant vĂ©cu une situation de comparaison diffĂ©rencient mieux la masse du volume que ceux qui entrent directement dans des activitĂ©s de mesurage Ă  l’aide d’un instrument du quotidien affichant la rĂ©fĂ©rence conventionnelle (le gramme).

Pour comprendre ce qu’est une grandeur, il est aussi important de distinguer deux types de grandeurs :

  • la grandeur mesurable : grandeur Ă  laquelle on peut affecter une valeur numĂ©rique Ă  partir d’observations. En outre, la somme et/ou le produit de grandeurs mesurables a une signification. Parmi les grandeurs mesurables, on peut citer la longueur, la masse, le temps…
  • la grandeur repĂ©rable : elle est dite repĂ©rable si la somme et le produit de cette grandeur n’ont pas de sens. Parmi les grandeurs repĂ©rables, on peut citer la tempĂ©rature centĂ©simale (°C), la date, le potentiel Ă©lectrique…

2. Donner du sens Ă  la mesure

La mesure se dĂ©finit comme « l’évaluation d’une grandeur par comparaison avec une grandeur de mĂŞme espèce prise comme rĂ©fĂ©rence (unitĂ©, Ă©talon) Â» (Malifaud, 2008) ou encore comme « le rapport de cette grandeur Ă  une autre grandeur de mĂŞme espèce choisie comme unitĂ© Â» (De Broglie, 1955).

Construire le sens de la mesure, c’est passer progressivement d’étalon arbitraire Ă  des Ă©talons rĂ©fĂ©rents  avec la mise en Ă©vidence du besoin de ces Ă©talons rĂ©fĂ©rents (unitĂ© usuelle ou lĂ©gale).

C’est aussi avoir recours à des outils simples puis à des outils conventionnels.

3. Mesurer

C’est le dernier stade avec l’incursion du nombre et les rapports entre les différentes unités.

Il s’agit alors de :

  • de s’interroger sur l’adaptabilitĂ© de l’unitĂ© usuelle Ă  la grandeur mesurĂ©e
  • d’étudier les relations entre les diffĂ©rentes unitĂ©s
  • d’effectuer des calculs.